Qu’est-ce qu’un robot ? Entre les premiers androïdes nommés « robots » dans une pièce de théâtre de science-fiction en 1920 et les assistants virtuels de la Robotic Process Automation ou RPA, quel lien de parenté ?
Étymologie et entrée en littérature du « robot » : un ouvrier artificiel parfait
On attribue l’invention du mot “robot” à l’un des plus grands écrivains tchécoslovaques du 20ème siècle, Karel Čapek. Le robot apparaît ainsi pour la première fois en 1920, dans une pièce de théâtre de science fiction devenue célèbre : R.U.R. ou Rossum’s Universal Robots.
Le mot “robot” n’est pas tout à fait un néologisme, il a été inventé à partir du tchèque “robota”, qui signifie corvée, et du mot “rob”, esclave en slave ancien. Si Karel Čapek avait d’abord pensé au terme “laboři” ou travailleur, c’est son frère Josef qui lui propose le mot “robot”. Cette masculinisation du tchèque “robota” revient à inscrire le robot parmi les êtres animés, puisque dans les langues slaves seuls les termes masculins désignent des êtres vivants .
L’étymologie du mot “robot” l’associe donc à une créature animée conçue pour le travail forcé .
Dans la pièce de théâtre de Karel Čapek, le jeune Rossum, ingénieur utilitariste visionnaire, donne vie à un ouvrier artificiel parfait, androïde organique capable de remplacer l’homme pour n’importe quelle tâche et à moindre coût. Issus d’une fabrication industrielle de masse, ces ouvriers dénués de sensation, de sentiment et de volonté propre, sont débarrassés de tout ce qui ne sert pas le travail.
Le robot dans son acception moderne était né.
La Robotic Process Automation (RPA) ou la virtualisation du robot
De part son acte de naissance littéraire, le robot est couramment assimilé à une intelligence artificielle implémentée dans un support physique animé. Qu’il ressemble à un animal, à un être humain ou à un insecte, le robot semble devoir avoir un “corps”, à l’image des “animats” de la robotique bio-inspirée née dans les années 1990, ou d’ASIMO, premier robot humanoïde capable de marcher.
Pourtant, l’automatisation des processus robotiques (RPA) est l’aboutissement de la virtualisation du robot, qui devient un agent logiciel capable d’imiter les actions d’utilisateurs humains en interaction avec des systèmes numériques. Ces robots virtuels devraient être appelés “bots”, néologisme qualifiant les assistants logiciels.
La RPA est ainsi particulièrement efficiente dans tous les métiers qui présentent une charge administrative importante. Capables d’extraire et de traiter les données pertinentes de tout type d’interface numérique, ces robots virtuels rapides et précis, sont exceptionnellement efficaces.
Les assistants virtuels : enjeu d’une collaboration homme-robot ou “cobotique”
Dans l’oeuvre de Karel Capek, Harry Domin, directeur général des usines Rossum, défend la vision utopiste d’un monde libéré du travail par les robots. Mais la comédie devient rapidement dystopique : des millions de robots remplacent des hommes devenus inutiles et finissent par anéantir l’humanité. Toutefois, après un siècle d’innovations technologiques, les robots de Rossum appartiennent toujours à la fiction :
- Ce sont des robots biologiques, or aujourd’hui les “biobots” font autour de 800 µm et on est très loin de savoir créer un androïde vivant
- Nous ne savons pas implémenter une intelligence artificielle générale, capable de transposer à un nouvel environnement ce qu’elle a appris des précédents
- Les créatures de Rossum sont dotées d’une conscience artificielle, or nous ne savons pas expliquer comment nos sensations de douleur et de plaisir, nos émotions ou notre volonté émergent à partir de notre propre cerveau.
La RPA nous libère de nombreuses tâches répétitives et nous donne le temps de nous consacrer à des missions plus valorisantes parce qu’elles exigent des qualités spécifiquement humaines. Il s’agit donc d’assister l’humain et non de le remplacer.
L’enjeu de la 4ème révolution technologique – portée par l’IA, l’internet des objets, la digitalisation et la RPA – est bien la collaboration vertueuse entre robot et humain, ou “cobotique”.
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Sources principales :
- Karel Čapek, R.U.R. Rossum’s Universal Robots, 1920 : https://archive.org/details/CapekRUR/page/n2/mode/2up
- Natacha Vas-Deyres, “Une dystopie robotique au théâtre ?”, Tropics, n°2, “Théâtre et utopie”, Université de La Réunion/EA Dire, 2015 : https://crj.univ-reunion.fr/fileadmin/Fichiers/tropics/Numero2/I-Utopie/11-Vas-Deyres.pdf
- Sergio Corduas, “Golem, Robot, Chveik : trois doubles pragois “, Revue des études slaves, tome 58, fascicule 1, Jaroslav Hašek et les Aventures du brave soldat Chvéïk, Paris, Institut d’Etudes Slaves et Centre d’Etudes Slaves (Unité mixte Paris-Sorbonne – CNRS), 1986, p. 28
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